L’apprentissage du tango, un éternel répété … ou un éternel nouveau
Lorsque j’apprends,
Je souhaite faire, recommencer
Ce que j’ai vu. Je suis content’
Si je peux reproduire le mouvement.
Mais voilà, il y a un « mais », pourtant.
Il est important
D’être attentif, de mettre de côté
Ce que je pensais savoir. En fait être présent’,
Et oublier même le passé (celui où je me trompais déjà). Patiemment
Accepter de refaire une succession de gestes lents.
Oublier ce passé, est-ce nécessaire ou même important ?
Peut-être alors m’en souvenir un peu ? Certes, mais ne pas m’y arrêter…
Si c’est m’en souvenir pour gémir, quel triste avenir ! Alors en avant !
La vie, elle ne s’arrête pas. Elle me pousse. J’accepte mes égarements…
Repartir et recommencer encore « ce sacré enchaînement » !
Je quitte sans cesse des rivages connus. Je sais aussi que le futur est rarement
Prévisible. La perfection reste encore ma ligne d’horizon : m’en rappeler
Est souhaitable. C’est même un moteur puissant.
Pourtant si je touche cet horizon (mon horizon), serai-je à la fin de mon cheminement ?
Mais je m’égare… Nous dansons à 2. Que faire de mon cavalier… qui, là, m’attend ?
En fait c’est soit lui, soit moi qui nous ralentit un court instant… ou plus longtemps.
Mais j’y pense : ai-je quelque bienveillance pour la Patience innée
Qu’il me manifeste ? La reconnaissance, ce n’est pas un égarement,
Plutôt un mouvement de ma personne, hors du temps.
J’ose redonner (un peu, en ce moment) ce que j’ai reçu gratuitement.
J’ai reçu gratuitement et abondamment. Alors je vais semer, en tout temps,
Et faire naître le moment où toute ma vie vient fleurir une nouvelle journée…
« La fleur d’hier est fanée. Ne vois-tu pas celle d’aujourd’hui, celle de l’éternel printemps ?
Elle naît sous tes pieds, là, maintenant ». Vais-je reproduire un éternel répété, en restant
Assis ? Je ne verrai que les fleurs d’hier. Celles de demain, l’éternel nouveau, ce sera en marchant.
Cecilia-Maria Da La Roca